Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année IX — Mai 1866.

(Langue portugaise)

DISSERTATIONS SPIRITES.


LE SPIRITISME OBLIGE.

(Paris,  †  avril 1866. – Médium, madame B…)

Le Spiritisme est une science essentiellement morale ; dès lors ceux qui se disent ses adeptes ne peuvent, sans commettre une inconséquence grave, se soustraire aux obligations qu’il impose.

Ces obligations sont de deux sortes.

La première concerne l’individu qui, aidé des clartés intellectuelles que répand la doctrine, peut mieux comprendre la valeur de chacun de ses actes, mieux sonder tous les replis de sa conscience, mieux apprécier l’infinie bonté de Dieu, qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive, et, pour lui laisser la possibilité de se relever de ses chutes, lui a donné la longue suite des existences successives à chacune desquelles, en portant la peine de ses fautes passées, il peut acquérir de nouvelles connaissances et de nouvelles forces, lui faisant éviter le mal et pratiquer ce qui est conforme à la justice, à la charité. Que dire de celui qui, ainsi éclairé sur ses devoirs envers Dieu, envers ses frères, reste orgueilleux, cupide, égoïste ? Ne semble-t-il pas que la lumière l’ait aveuglé parce qu’il n’était pas préparé à la recevoir ? Dès lors, il marche dans les ténèbres, bien qu’étant au milieu de la lumière ; il n’est Spirite que de nom. La charité fraternelle de ceux qui voient véritablement doit s’efforcer de le guérir de cette cécité intellectuelle ; mais, pour beaucoup de ceux qui lui ressemblent, il faudra la lumière qu’apporte la tombe, parce que leur cœur est trop attaché aux jouissances matérielles, et que leur esprit n’est pas mûr pour recevoir la vérité. Dans une nouvelle incarnation, ils comprendront que les planètes inférieures comme la terre ne sont qu’une sorte d’école mutuelle où l’âme commence à développer ses facultés, ses aptitudes, pour les appliquer ensuite à l’étude des grands principes d’ordre, de justice d’amour et d’harmonie, qui règlent les rapports des âmes entre elles, et les fonctions qu’elles remplissent dans la direction de l’univers ; ils sentiront qu’appelée à une si haute dignité que celle de devenir messagère du Très-haut, l’âme humaine ne doit pas s’avilir, se dégrader au contact des immondes jouissances de la volupté ; des ignobles convoitises de l’avarice qui retranche à quelques-uns des enfants de Dieu la jouissance des biens qu’il a donnés pour tous ; ils comprendront que l’égoïsme, né de l’orgueil, aveugle l’âme et lui fait violer les droits de la justice, de l’humanité, dès lors engendre tous les maux qui font de la terre un séjour de douleurs et d’expiations. Instruits par les dures leçons de l’adversité, leur esprit sera mûri par la réflexion, et leur cœur, après avoir été broyé par la douleur, deviendra bon et charitable ; c’est ainsi que ce qui nous paraît un mal est quelquefois nécessaire pour ramener les endurcis. Ces pauvres retardataires, régénérés par la souffrance, éclairés de cette lumière intérieure qu’on peut appeler le baptême de l’Esprit, veilleront avec soin sur eux-mêmes, c’est-à-dire sur les mouvements de leur cœur et l’emploi de leurs facultés pour les diriger selon les lois de la justice et de la fraternité. Ils comprendront qu’ils ne sont pas seulement obligés à s’améliorer eux-mêmes, calcul égoïste empêchant d’atteindre le but voulu par Dieu, mais que le second ordre d’obligations du Spirite, découlant nécessairement du premier et le complétant, est celui de l’exemple qui est le meilleur des moyens de propagation et de rénovation.

En effet, celui qui est convaincu de l’excellence des principes qui lui sont enseignés et doivent, s’il y conforme sa conduite, lui procurer un bonheur durable, ne peut, s’il est vraiment animé de cette charité fraternelle qui est dans l’essence même du Spiritisme, que désirer qu’ils soient compris par tous les hommes. De là, l’obligation morale de conformer sa conduite à sa croyance, et d’être un exemple vivant, un modèle, comme Christ le fut pour l’humanité.

Vous, faibles étincelles parties de l’éternel foyer de l’amour divin, vous ne pouvez assurément pas prétendre à un aussi vaste rayonnement que celui du Verbe de Dieu incarné sur la terre, mais, chacun dans votre sphère d’action, vous pouvez répandre les bienfaits du bon exemple ; vous pouvez faire aimer la vertu en l’entourant du charme de cette bienveillance constante qui attire, captive et montre enfin que la pratique du bien est chose facile, qu’elle fait le bonheur intime de la conscience qui s’est rangée sous sa loi, car elle est l’accomplissement de la volonté divine qui nous a fait dire par son Christ : Soyez parfaits parce que votre Père céleste est parfait.  ( † )

Or, le Spiritisme n’est autre chose que l’application vraie des principes de la morale enseignée par Jésus, car ce n’est que dans le but de la faire comprendre à tous, afin que, par elle, tous progressent plus rapidement, que Dieu permet cette universelle manifestation de l’Esprit venant vous expliquer ce qui vous paraissait obscur et vous en-seigner toute vérité. Il vient, comme le Christianisme bien compris, montrer à l’homme l’absolue nécessité de sa rénovation intérieure par les conséquences mêmes qui résultent de chacun de ses actes, de chacune de ses pensées ; car aucune émanation fluidique, bonne ou mauvaise, ne s’échappe du cœur ou du cerveau de l’homme sans laisser, quelque part, une empreinte ; le monde invisible qui vous environne est pour vous ce Livre de vie où tout s’inscrit avec une incroyable fidélité, et la Balance de la justice divine n’est autre qu’une figure exprimant que chacun de vos actes, chacun de vos sentiments est, en quelque sorte, le poids qui charge votre âme et l’empêche de s’élever, ou celui qui amène l’équilibre entre le bien et le mal.

Heureux celui dont les sentiments partent d’un cœur pur ; il répand autour de lui comme une suave atmosphère qui fait aimer la vertu et attire les bons Esprits ; sa puissance de rayonnement est d’autant plus grande qu’il est plus humble, dès lors plus dégagé des influences matérielles qui attirent l’âme et l’empêchent de progresser.

Les obligations qu’impose le Spiritisme sont donc d’une nature essentiellement morale, elles sont une conséquence de la croyance ; chacun est juge et partie dans sa propre cause ; mais les clartés intellectuelles qu’il apporte à celui qui veut véritablement se connaître soi-même et travailler à son amélioration sont telles qu’elles effraient les pusillanimes, et c’est pourquoi il est rejeté par un si grand nombre. D’autres tâchent de concilier la réforme que leur raison leur démontre être une nécessité, avec les exigences de la société actuelle. De là, un mélange hétérogène, un manque d’unité qui fait de l’époque actuelle un état transitoire ; il est si difficile à votre pauvre nature corporelle de se dépouiller de ses imperfections pour revêtir l’homme nouveau, c’est-à-dire l’homme vivant suivant les principes de justice et d’harmonie voulus par Dieu. Avec des efforts persévérants, vous y arriverez néanmoins, car les obligations que s’impose la conscience, lorsqu’elle est suffisamment éclairée, ont plus de force que n’en auront jamais les lois humaines basées sur la contrainte d’un obscurantisme religieux ne pouvant supporter l’examen ; mais si, grâce aux lumières d’en haut, vous êtes plus instruits et comprenez davantage, vous devez aussi être plus tolérants et n’employer, comme moyen de propagation, que le raisonnement, car toute croyance sincère est respectable. Si votre vie est un beau modèle où chacun puisse trouver de bons exemples et de solides vertus, où la dignité s’allie à une gracieuse aménité, réjouissez-vous, car vous aurez, en partie, compris ce à quoi le Spiritisme oblige.


Louis de France.


Allan Kardec.



Paris. – Typ. de Rouge frères, Dunon et Fresné, rue du Four-Saint-Germain,  †  43.


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