Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année IV — Août 1861.

(Langue portugaise)

DISSERTATIONS ET ENSEIGNEMENTS SPIRITES.


DE L’INFLUENCE MORALE DES MÉDIUMS DANS LES COMMUNICATIONS.

(Société Spirite de Paris.  †  Médium M. d’Ambel.)

Nous l’avons déjà dit : les médiums, en tant que médiums, n’ont qu’une influence secondaire dans les communications des Esprits ; leur tâche est celle d’une machine électrique, qui transmet les dépêches télégraphiques d’un point éloigné à un autre point éloigné de la terre. Ainsi, quand nous voulons dicter une communication, nous agissons sur le médium, comme l’employé du télégraphe sur son appareil ; c’est-à-dire que de même que le tac tac du télégraphe dessine à des milliers de lieues, sur une bande de papier, les signes reproducteurs de la dépêche, de même nous communiquons à travers les distances incommensurables qui séparent le monde visible du monde invisible, le monde immatériel du monde incarné, ce que nous voulons vous enseigner au moyen de l’appareil médianimique. Mais aussi, de même que les influences atmosphériques agissent, et troublent souvent les transmissions du télégraphe électrique, l’influence morale du médium agit, et trouble quelquefois la transmission de nos dépêches d’outre-tombe ; parce que nous sommes obligés de les faire passer par un milieu qui leur est contraire. Cependant, le plus souvent cette influence est annulée par notre énergie et notre volonté, et aucun acte perturbateur ne se manifeste. En effet, des dictées d’une haute portée philosophique, des communications d’une parfaite moralité, sont transmises quelquefois par des médiums peu propices à ces enseignements supérieurs ; tandis que, d’un autre côté, des communications peu édifiantes arrivent aussi quelquefois par des médiums tout honteux de leur avoir servi de conducteur.

En thèse générale, on peut affirmer que les Esprits similaires appellent les Esprits similaires, et que rarement les Esprits des pléiades élevées se communiquent par des appareils mauvais conducteurs, quand ils ont sous la main de bons appareils médianimiques, de bons médiums en un mot.

Les médiums légers et peu sérieux appellent donc des Esprits de même nature ; c’est pourquoi leurs communications sont empreintes de banalités, de frivolités, d’idées sans suite et souvent fort hétérodoxes, spiritement parlant. Certes, ils peuvent dire et disent quelquefois de bonnes choses ; mais c’est dans ce cas surtout qu’il faut apporter un examen sévère et scrupuleux, car, au milieu de ces bonnes choses, certains Esprits hypocrites insinuent avec habileté et avec une perfidie calculée des faits controuvés, des assertions mensongères, afin de duper la bonne foi de leurs auditeurs. On doit alors élaguer sans pitié tout mot, toute phrase équivoques, et ne conserver de la dictée que ce que la logique accepte, ou ce que la doctrine a déjà enseigné. Les communications de cette nature ne sont à redouter que pour les Spirites isolés, les groupes récents ou peu éclairés, car, dans les réunions où les adeptes sont plus avancés et ont acquis de l’expérience, le geai a beau se parer des plumes du paon, il est toujours impitoyablement éconduit.

Je ne parlerai pas des médiums qui se plaisent à solliciter et à écouter des communications ordurières ; laissons-les se complaire dans la société des Esprits cyniques. D’ailleurs, les communications de cet ordre recherchent d’elles-mêmes la solitude et l’isolement ; elles ne pourraient, en tout cas, que soulever le dédain et le dégoût parmi les membres des groupes philosophiques et sérieux. Mais où l’influence morale du médium se fait réellement sentir, c’est quand celui-ci substitue ses idées personnelles à celles que les Esprits s’efforcent de lui suggérer ; c’est encore lorsqu’il puise dans son imagination des théories fantastiques qu’il croit lui-même, de bonne foi, résulter d’une communication intuitive. Il y a souvent alors mille à parier contre un que ceci n’est que le reflet de l’Esprit personnel du médium ; et il arrive même ce fait curieux, c’est que la main du médium se meut quelquefois presque mécaniquement, poussée qu’elle est par un Esprit secondaire et moqueur. C’est contre cette pierre de touche que viennent se briser les imaginations jeunes et ardentes ; car, emportés par la fougue de leurs propres idées, par le clinquant de leurs connaissances littéraires, ils méconnaissent la modeste dictée d’un sage Esprit, et abandonnant la proie pour l’ombre, y substituent une paraphrase ampoulée. C’est contre cet écueil redoutable que viennent également échouer les personnalités ambitieuses qui, à défaut des communications que les bons Esprits leur refusent, présentent leurs propres œuvres comme l’œuvre de ces Esprits eux-mêmes. Voilà pourquoi il faut que les chefs des groupes Spirites soient pourvus d’un tact exquis et d’une rare sagacité, pour discerner les communications authentiques de celles qui ne le sont pas, et pour ne pas blesser ceux qui se font illusion à eux-mêmes.

Dans le doute, abstiens-toi, dit un de vos anciens proverbes ; n’admettez donc que ce qui est pour vous d’une évidence certaine. Dès qu’une opinion nouvelle se fait jour, pour peu qu’elle vous semble douteuse, passez-la au laminoir de la raison et de la logique ; ce que la raison et le bon sens réprouvent, rejetez-le hardiment ; mieux vaut repousser dix vérités, qu’admettre un seul mensonge, une seule fausse théorie. En effet, sur cette théorie vous pourriez édifier tout un système qui croulerait au premier souffle de la vérité comme un monument bâti sur un sable mouvant ; tandis que, si vous rejetez aujourd’hui certaines vérités, parce qu’elles ne vous sont pas démontrées logiquement et clairement, bientôt un fait brutal ou une démonstration irréfutable viendra vous en affirmer l’authenticité.

Rappelez-vous, néanmoins, ô Spirites, qu’il n’y a d’impossible pour Dieu et pour les bons Esprits que l’injustice et l’iniquité.

Le Spiritisme est assez répandu maintenant parmi les hommes, et a suffisamment moralisé les adeptes sincères de sa sainte doctrine, pour que les Esprits ne soient plus réduits à employer de mauvais outils, des médiums imparfaits. Si donc maintenant un médium, quel qu’il soit, donne, par sa conduite ou ses mœurs, par son orgueil, par son manque d’amour et de charité, un légitime sujet de suspicion, repoussez, repoussez, ses communications, car il y a un serpent caché dans l’herbe. Voilà ma conclusion sur l’influence morale des médiums.

Eraste.



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